« Je parle à mon chien en espagnol. » (Griezmann)
(8/12)
En ce samedi matin ensoleillé, Juliette et Roméo sortaient de la laverie, comme tous les samedis matins à cette heure-là. Lui soufflait sous le poids d’un panier à linge débordant d’habits propres et trempés tandis qu’elle ployait de porter les lourds sacs des courses qu’ils avaient faites au Superama le plus proche durant les cinquante minutes du cycle de lavage. Les deux amoureux traversaient l’avenue Juan Escutia en direction du numéro 47, presque en face de la laverie, lorsqu’une Golf GTI, déboulant à contre-sens de la rue Amatlan, faillit les faucher, ne leur passant qu’à quelque centimètres, avant de s’engouffrer à toute vitesse et de nouveau à contre-sens dans la rue Cuernavaca, en faisant crisser ses pneus.
La scène était peu extraordinaire pour cette ville. En revanche, jamais on n’y avait vu quatre mousquetaires arborant les armes de la famille Barbey d’Aurevilly, d’azur, à deux bars adossés d’argent, au chef de gueule, chargé de trois besants d’or, poursuivre une Golf GTI ou tout autre véhicule motorisé. Bien conscients de cette incongruité, les mousquetaires jugèrent plus sage de ne pas se faire remarquer. Ils mirent pied à terre et se dispersèrent dans la foule pour semer d’éventuels suiveurs.
Quant à Juliette et Roméo, mus par cet étrange ressort hormonal qui mêle l’excitation au danger, ils s’unirent sexuellement après avoir monté quatre à quatre les escaliers qui menaient à la terrasse de l’immeuble.