249

Au début, le bébé est porté dans les bras de ses parents : il découvre le monde à hauteur d’adulte.

Mais il a soif d’autonomie, et, durant des mois, tous ses efforts seront tournés vers cet objectif : se déplacer sans l’aide de ses parents.

Enfin, un beau jour, le voilà capable de marcher à quatre pattes. Il découvre le monde à hauteur des pieds.

248

Tu vois bien tout est vain
Rien ne dure adieu semblent dire
Les pages
Du livre
De poche
Qui à peine jaunies se détachent
Et tombent
Adieu
Tout est vain
Et la volonté délirante de durer
Est vaine et vanité

Le cadavre du livre dans mes mains
Un coup de poing dans mon ventre
Un dais d’Inexorable du silence
On meurt

On meurt on meurt sans trop en avoir l’air
Et un jour on est mort

Ramasse une à une les pages
Du papier pas cher
De l’encre à bon marché
De la colle desséchée
C’est tout
De la matière de la poussière d’étoiles un effet du Big Bang
Bon
Debout enfin allons
Combien de lumière aux minutes sombres
De bouffées d’air aux heures suffocantes
Combien d’abris dans la tourmente
Combien de répits dans l’angoisse
Ce livre
Rien n’est vain que la vanité
La servitude et l’habitude

Se lever sous le regard de personne et savoir
Savoir vraiment
Que rien ne dure

Et tout ce qui se lève un jour
Tombe

247

On a retrouvé une première version méconnue de l’adaptation du conte de Blanche Neige que Walt Disney n’a finalement pas retenue.

Elle avait la peau si blanche que ses parents décidèrent de l’appeler Neige. Mais au dernier moment, alors que l’officier de l’État civil ouvrait son registre, le doute s’empara d’eux et, craignant le manque plus que l’excès, ils firent inscrire : Blanche Neige. Pour le fonctionnaire assermenté qui montrait des signes d’étonnement ils précisèrent : « Et puis comme ça, on la confondra pas avec sa cousine Beige Neige ».

244

Cela dit, un post sans objet ni sujet, sans tabou ni pardon, tout de conscience retournée, là et loin tout autant, tel qu’il est l’ombre sans soleil du reflet de son absence, qui nous renvoie au défi d’être et nous ramène pourtant ici-même où le rien ne se justifie que de son seul nom, en creux, c’est une expérience dont on ne souhaite pas priver le lecteur.

242

4

Nous arrivons en gare du Nord
Le climat est clément plus qu’à Moscou
Nous nous installons dans un hangar et méditons sur la mort
Pour tuer le temps
Mais le temps ne meurt pas
C’est pour cela que la mort dure si longtemps

Je me demande quand meurt-on
Est-ce à la fin de la vie ou bien quand la mémoire des autres s’éteint
Ou nous trahit
Je porte bien des morts dans ma mémoire
Qui donc les portera quand je serai parti

J’interpelle mes compagnons
Savez-vous combien mais combien de mémoires vous portent sans vous avoir jamais vus vivants
Pessoa soupire
Rimbaud arbore un sourire abyssin
Calaferte qui nous a rejoint
Dit peu importe on s’en fout c’est pas nous c’est du rêve

Plotin sort du silence et triomphant nous informe
Jerry Cornelius est à Rome