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Les plus grands succès de Joe Dassin ont été réunis sur un disque sobrement intitulé :

ÉTERNEL …

Tant il est vrai que dans « Joe Dassin » il y a « audace ».

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Après la pluie vient le beau temps
Après le beau temps vient la pluie
Après la pluie vient le beau temps
Après le beau temps vient la pluie
Et ainsi de suite avec cependant
Des périodes de transition mal définies
Intercalées
Entre la pluie et le beau temps

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« J’ai profité d’un voyage en train pour lire votre ouvrage. Pas que ce soit un roman de gare, mais bon, c’était le moment ou jamais. Curieusement, le trajet m’a semblé beaucoup plus long que d’habitude. Pourtant pas très épais, ce livre. Enfin, je dois admettre qu’il y a tout de même un passage que j’ai adoré.

– Lequel ?

– Le passage à niveau. »

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« Comment ?? Tu ne savais pas ?? Mais c’est partout ! »

Après enquête sérieuse et minutieuse, je compris que « partout », c’est Internet et la télévision.

J’aurai donc passé la plus grande partie de ma vie nulle part. Quelle angoisse.

 

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Larousse : J’ai revu Les Misérables, hier.

Le Robert : Les Misérables ? De Hugo ? Trois tomes en Livre de Poche, avec la tranche bleue, c’est bien ça ? Mais ça fait des mois qu’on ne les voit plus ! Comment vont-ils ?

Larousse : Misérables, justement. C’est dur de voir des amis dans cet état. J’essayais de faire comme si de rien n’était mais la vérité est qu’ils me faisaient pitié. Tome 1 a perdu une cinquantaine de pages, Tome 2 est rouge violacé et gondolé comme un boyau de chèvre. Seul Tome 3 est à peu près présentable ; il dégage tout de même une odeur de renfermé comme ses frères. J’étais à deux doigts de m’évanouir.

Le Robert : Ma pauvre… Mais alors, où ont-ils passé tout ce temps ? Ce que tu me décris ressemble au syndrome du grenier.

Larousse : Pire. C’est au moment du déménagement, il y a trois mois. Voilà ce qui s’est passé. Ils étaient dans le carton des « à donner/à vendre »…

Le Rouge et le Noir : Hélas, nous avons perdu quantité de frères lors de ce déménagement. Combien de poches ont été vendus ou donnés ? Une véritable hécatombe.

Madame Bovary : Oui, bon, il n’y avait pas que du beau monde non plus. Je n’ai jamais été contre le départ des Alexandre Jardin par exemple.

Larousse : Oh, toi tu es jalouse parce qu’on ne t’emmène jamais à la plage. Bref, les pauvres Misérables étaient dans le carton fatal, et voilà qu’au dernier moment le patron a un remord : il les sort du carton et les pose sur le guéridon de l’entrée. Et il les oublie ! Surgit un déménageur qui les jette sans ménagement dans le camion de déménagement, justement. Le voyage a été terrible, un cauchemar, coincés entre le réfrigérateur et la machine à laver. Mais le pire était à venir, ils ont terminé, allez savoir pourquoi, au fond de la cave. Tome 1 a fait une dépression et a commencé à perdre ses pages. Tome 2 a glissé et a entraîné dans sa chute une bouteille de vin qui s’est brisée au sol. Il a plusieurs cicatrices en quatrième de couverture et, passez-moi l’expression, il pue l’alcool. Quant à Tome 3, il présente certes un aspect physique normal mais il ne dit rien. Complètement muet, bloqué. Il faut dire qu’il n’a jamais été lu, ni même ouvert.

Littré : Vont-ils porter plainte auprès de la L.P.L.A.A.P.B.L ?

Le Robert : La quoi ?

Littré : La Ligue pour la Protection des Livres contre les Agissements Abusifs des Propriétaires, Bibliothécaires et Lecteurs.

Larousse : Non, ils ne porteront pas plainte, ils n’en ont pas l’énergie, ils sont démoralisés. Car le cauchemar continue : ils s’en vont demain, le patron les donne à la bibliothèque de l’AVD, Asile de Vieux du Doubs.

Le Robert : C’est dur…

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Il n’a échappé à personne que ce blog est tombé dans la plus drastique inactivité depuis le mercredi 4 juin. Point de marasme cependant, bien au contraire ! Car cette interruption volontaire de blog est due à la naissance de Leonardo Louis, le bébé aux deux L.

Rassurez-vous, cette pause est temporaire ; ce blog sera de nouveau actif dans une quinzaine d’années.

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Presque autant que l’ouïe et la vue, le sens de l’odorat était essentiel pour survivre à l’ère préhistorique. Humer le vent qui annonce l’orage, renifler la piste d’une proie ou bien détecter à temps l’odeur d’un prédateur à l’affût… Un homme sans odorat était un homme mort.

Mais, me demande-t-on, l’homme moderne a-t-il vraiment besoin de l’odorat ? Ce sens autrefois vital n’est-il pas tombé dans le registre le plus superflu depuis qu’il n’est qu’un prétexte pour qu’une hôtesse en mini-jupe nous plaque un morceau de carton sous le nez chaque fois que nous passons par le rayon parfumerie d’un centre commercial ?

Je réponds qu’on aurait tort de sous-estimer l’odorat. Car s’il n’est plus chasseur préhistorique, l’homme moderne est devenu père de famille attentif. Or, quelle est cette trace marron laissée sur le canapé par le petit dernier après le goûter ? Est-ce du Nutella ? Devra-t-on goûter pour s’en assurer ? Encore une fois, l’odorat nous sauve la vie.

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« C’est vrai, quoi de plus doux que la cendre ? Voilà qui justifierait que je choisisse l’incinération. On pourra dire : dure à nos cœurs, sa mort est douce à nos doigts. Mais n’ai-je pas été assez doux ma vie durant ? Et puis, risquer de finir éparpillé, ou au fond d’un sac d’aspirateur…. Alors qu’inhumé dans une terre fertile, ça vous donne un cachet de développement durable pas inintéressant… Né de la terre je retourne à la terre, que ma chair nourrisse les roses qui raviront ton cœur…Pas mal, pas mal… »

Monsieur Albert en était là de ses réflexions matinales lorsque le camion poubelle le renversa alors qu’il traversait la rue, déserte à cette heure-là. Le conducteur, qui avait déjà assez de problèmes comme ça, rassembla hâtivement les morceaux sanguinolents dans un sac plastique qu’il jeta prestement dans la benne broyeuse.