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« C’est vrai, quoi de plus doux que la cendre ? Voilà qui justifierait que je choisisse l’incinération. On pourra dire : dure à nos cœurs, sa mort est douce à nos doigts. Mais n’ai-je pas été assez doux ma vie durant ? Et puis, risquer de finir éparpillé, ou au fond d’un sac d’aspirateur…. Alors qu’inhumé dans une terre fertile, ça vous donne un cachet de développement durable pas inintéressant… Né de la terre je retourne à la terre, que ma chair nourrisse les roses qui raviront ton cœur…Pas mal, pas mal… »

Monsieur Albert en était là de ses réflexions matinales lorsque le camion poubelle le renversa alors qu’il traversait la rue, déserte à cette heure-là. Le conducteur, qui avait déjà assez de problèmes comme ça, rassembla hâtivement les morceaux sanguinolents dans un sac plastique qu’il jeta prestement dans la benne broyeuse.