(4/12)
Délivrer Bérénice aux mains vermeilles était une excellente idée. Selon l’information qui figurait dans son dossier, elle devait sortir de la prison de Varces en juillet. Il suffisait donc d’attendre trois mois et demi. Je proposai à mon cousin de m’accompagner à Cancun pour profiter de ce temps libre mais il était très occupé ; les élections législatives approchaient et il comptait bien devenir député pour bénéficier de l’immunité parlementaire, s’enrichir rapidement et, « fuir Laval et ses bouseux », disait-il.
Ce discours provocateur avait le don de m’agacer au plus haut point et j’éprouvais les plus grandes difficultés à conserver mon calme chaque fois que Jean prétendait me le servir en feignant la connivence alors qu’il n’attendait qu’une chose : un débat houleux.
Bien que sans rapport avec la situation, je songeai alors à ces mots de Michel Tournier : « La pureté est l’inversion maligne de l’innocence. » L’innocence se moque bien de la pureté, c’est vrai, comme la pureté n’est jamais innocente. Hélas, pour notre inconfort à tous, les maniaques de la pureté… Je fus interrompu dans mes pensées par la sonnerie du téléphone de mon avocat. Après avoir raccroché, il se tourna vers moi, l’air contrarié.