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« Délivrer Catalina aux yeux d’argent ? Tu n’y penses pas ! C’est terriblement dangereux ! » Mon ami Mateo ne manquait pas de courage mais il avait la manie de la contradiction. « Non, c’est impossible. Songes-y. Au terme d’un parcours semé d’embûches, tu arriveras au pied de la citadelle du Mont Houx. Là, il te faudra franchir un imposant dispositif de sécurité : des dizaines de policiers surentraînés et armés jusqu’aux dents, sans compter les tireurs d’élite postés sur les toits des immeubles avoisinants. Ensuite, tu devras affronter en duel le chef de la Milice, le cruel Narkozy. Et si tout cela ne t’arrête pas, il faudra encore forcer la porte blindée de la chambre de Catalina aux yeux d’argent. Non, vraiment, c’est mission impossible, surtout pour une femme. »

Ce dernier argument réveilla ma fibre féministe. « N’en déplaise à Freud, l’Histoire démontre qu’une femme est plus habilitée qu’un homme, fût-il bien membré, à pénétrer une forteresse. » Mais Mateo s’arrangeait toujours pour avoir le dernier mot : « Admettons. Il y a tout de même un obstacle de taille : Catalina aux yeux d’argent n’est pas captive. C’est elle, et elle seule, qui a créé les conditions de son isolement sur l’échiquier politique. C’est elle, et elle seule, qui s’est enfermée dans sa tour d’ivoire. »

Je dus me rendre à l’évidence et faire une croix sur Catalina aux yeux d’argent. Mon désarroi était palpable. C’est alors que Mateo eut une idée de génie. « Et si tu jetais ton dévolu sur Bérénice aux mains vermeilles ? »