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« C’est pour cela que j’ai voulu épouser Carla si rapidement » (Nicolas)

(6/12)

Ce nouveau défi n’était pas pour me déplaire. Je ne pouvais cependant me lancer seule dans cette aventure. Après de longues heures d’attente, on m’introduisit enfin dans le bureau du Directeur Général. Le tapis de laine épaisse où je manquai me tordre la cheville portait les armoiries de la famille Barbey d’Aurevilly, d’azur, à deux bars adossés d’argent, au chef de gueule, chargé de trois besants d’or.

L’homme, qui s’appelait Michel Ménard, se targuait d’être, selon ses mots, « un quasi cousin » du célèbre poète. Passionné de chevaux et féru d’histoire antique, il évoqua ses nombreux voyages en Amérique, au Maghreb et en Arabie Saoudite, en quête des meilleurs pur-sang de la planète. Je me contentais d’acquiescer de temps à autre en prenant soin de masquer mon ignorance et mon désintérêt pour le domaine équin. Ma patience et ma politesse furent récompensées. Michel Ménard me faisait don d’une escorte de quatre mousquetaires et me consentait un prêt à taux zéro pour un montant de deux cent cinquante mille euros.

Lorsque je m’assis au volant de vieille ma Golf GTI, les mousquetaires étaient déjà prêts. Ils m’attendaient au bout de la rue, s’assurant qu’aucun danger ne menaçait. Je trouvai cette méfiance exagérée et décidai de leur jouer un tour à ma façon. Je réajustai mes bas, puis, appuyant de toutes mes forces sur l’accélérateur, m’engageai à contre-sens dans la ruelle qui jouxtait la chapelle attenante aux écuries.