Elle voulait seulement être aimée
Il lui donna un sens et rien d’autre
Alors elle le quitta
La vie.
Elle voulait seulement être aimée
Il lui donna un sens et rien d’autre
Alors elle le quitta
La vie.
Le navire partira à vingt heures
Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord
Ensuite
Nous ne nous verrons plus sur terre
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur
À la rigueur
…………………… Chancre ………………………….
Et l’unique troupeau des agents bleu marine.
5
Rome enfin s’exclame Plotin
Rome
Un tantinet antique ici le taquine Calaferte
Pessoa époussète son chapeau c’est pollué se plaint-il
Rimbaud ne dit rien
Je songe
Des ruines du passé il restera demain les ruines de ruines restaurées
Qui a commencé qui a eu l’idée
De restaurer le passé
Est-ce de la création de l’action ou de la réaction
Que dira-t-on de nous ils eurent des restaurateurs
Jerry Cornelius ne viendra pas
Résonne la voix du Major Grubert qui nous parvient par télépathie
Rendez-vous à l’arcade 17 conclut-il
Mes compagnons se dirigent vers le Colisée sans moi
Trop risqué pour un mortel
Le Major est imprévisible
Je les vois s’éloigner dans le soleil couchant quatre silhouettes
Plotin Pessoa Calaferte et Rimbaud
C’est quelque chose quand même
Ils disparaissent
Arcade 17 du Colisée
Aucune nouvelle de Jerry Cornelius
Coiffé de son chapeau chinois
Le Ô
Résonne comme un gong
Le flûtiste amateur
Fait de l’art avec de l’air
Le fumiste à vingt heures
Fait son beurre avec de l’air
Tu menais une vie bohème
Tu avais lu tous les poèmes
Tu n’as jamais dit je t’aime
Tu vois bien tout est vain
Rien ne dure adieu semblent dire
Les pages
Du livre
De poche
Qui à peine jaunies se détachent
Et tombent
Adieu
Tout est vain
Et la volonté délirante de durer
Est vaine et vanité
Le cadavre du livre dans mes mains
Un coup de poing dans mon ventre
Un dais d’Inexorable du silence
On meurt
On meurt on meurt sans trop en avoir l’air
Et un jour on est mort
Ramasse une à une les pages
Du papier pas cher
De l’encre à bon marché
De la colle desséchée
C’est tout
De la matière de la poussière d’étoiles un effet du Big Bang
Bon
Debout enfin allons
Combien de lumière aux minutes sombres
De bouffées d’air aux heures suffocantes
Combien d’abris dans la tourmente
Combien de répits dans l’angoisse
Ce livre
Rien n’est vain que la vanité
La servitude et l’habitude
Se lever sous le regard de personne et savoir
Savoir vraiment
Que rien ne dure
Et tout ce qui se lève un jour
Tombe
ce rythme un peu neuneu ce rythme vraiment niais
est fait pour te bercer pour mieux te transpercer
céphale
4
Nous arrivons en gare du Nord
Le climat est clément plus qu’à Moscou
Nous nous installons dans un hangar et méditons sur la mort
Pour tuer le temps
Mais le temps ne meurt pas
C’est pour cela que la mort dure si longtemps
Je me demande quand meurt-on
Est-ce à la fin de la vie ou bien quand la mémoire des autres s’éteint
Ou nous trahit
Je porte bien des morts dans ma mémoire
Qui donc les portera quand je serai parti
J’interpelle mes compagnons
Savez-vous combien mais combien de mémoires vous portent sans vous avoir jamais vus vivants
Pessoa soupire
Rimbaud arbore un sourire abyssin
Calaferte qui nous a rejoint
Dit peu importe on s’en fout c’est pas nous c’est du rêve
Plotin sort du silence et triomphant nous informe
Jerry Cornelius est à Rome