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Ma femme et moi avions fait l’achat d’un très belle litote blanche à la foire de Verrières, achat impulsif à vrai dire, qui, sur le chemin du retour, ne laissa la place qu’à un long silence de résignation pour moi et une vaine tentative de rationalisation de l’acte pour ma femme.

Arrivés dans notre modeste appartement déjà trop petit pour contenir les centaines d’articles inutiles qui s’y accumulaient depuis presque dix ans, nous eûmes un moment de découragement. Puis ce fut l’illumination, la solution tombée du ciel, lorsque notre fils sortit de sa chambre et nous offrit du haut de ses sept ans son plus beau sourire.

Hélas, à l’euphorie des premières semaines, succéda, lentement mais sûrement, la force de l’habitude, l’étreinte de l’addiction, la poigne de la compulsion.

Au bout de six mois, il fallut nous rendre à l’évidence : l’argent que nous avions gagné en vendant notre fils n’avait servi qu’à acheter de nouveaux objets inutiles, anaphores, cheptels, entretoises, livres, catachrèses et autres ridoirs, lesquels avaient rapidement emplis la chambre laissée vide. Bref, retour à la case départ. Et Kevin commençait à nous manquer.