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Et puis, un blog, on sait ce que c’est : aussitôt lu, aussitôt oublié.

Tenez, je suis sûr que personne ne se souvient de ce que j’ai écrit le 24 septembre 2014.

 

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Ian (5 ans) : Papa, tiens, une pièce de 1 peso pour toi.
Moi : Merci Ian, elle me servira pour le parcmètre.
Ian : Oui. Et si tu dois payer cent pesos, bah tu donnes cette pièce et deux de zéro, ça fait cent.

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Lorsque la sirène d’évacuation retentit dans l’immeuble, Monsieur Albert se trouvait en position assise dans les toilettes mises à la disposition des employés de la compagnie pour laquelle il travaillait depuis bientôt dix ans avec tout le sérieux qu’on lui connaissait. Doté d’excellents réflexes, Monsieur Albert parvint à quitter l’édifice en même temps que ses collègues. Sur le trottoir où les employés attendaient les instructions en se demandant s’il s’agissait d’une authentique alerte à la bombe ou d’un énième exercice, Monsieur Albert ne laissa pas paraître son trouble. Pourtant, une question le taraudait.

Quand l’alarme avait sonné, les impulsions nerveuses émises par l’ère motrice de son cortex cérébral avaient communiqué en une fraction de seconde les ordres adéquats à l’ensemble des muscles concernés et ceux-ci avaient réagi à merveille, faisant preuve d’une célérité et d’une coordination impressionnantes. C’était la beauté du réflexe conditionné. Certes. Mais la question demeurait entière : avait-il remonté son pantalon pour courir plus vite ou bien plutôt par pudeur ?

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Certains verts tirent sur le rouge. C’est cas du vert millon.

Mais on voit aussi des rouges virer au vert. Ainsi, la bouteille de rouge devient-elle verte à mesure qu’on la vide. C’est pourquoi vous entendrez le violoniste se lamenter, chaque fois qu’il vide une bouteille, ce qui est assez fréquent car le violoniste est soûlard, bref, vous entendrez, plus poignant qu’un requiem, le violoniste se lamenter devant sa bouteille vide : « Aaaaaah… Le rouge a verdi… »

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Un blog n’est pas un livre. On lit rarement un livre en commençant par la fin. Alors qu’avec le blog, on ne fait que ça.

Lire un récit, un essai, une biographie… c’est suivre les pas d’un auteur qui est parti depuis longtemps. Lire un blog c’est rejoindre le blogueur qui vient à peine de poster son dernier billet. Il arrive même qu’on l’attende ; c’est alors lui qui rejoint le lecteur.

Écrire un livre c’est avancer. Que ce soit vers le futur ou vers le passé, que l’on se lance à la conquête d’un territoire inexploré ou dans une introspection sans concession, on avance. Le blogueur, lui, empile post sur post et n’avance pas, ne tourne pas la page. Et pour brillant que soit le dernier post, il importune s’il n’est pas remplacé rapidement par un autre.

Quant au lecteur qui découvre le blog tardivement, pour peu qu’il soit patient et ne soit pas sujet au vertige, le voilà contraint de lire l’ouvrage de la fin vers le début (rare est l’intégriste intégral prêt à risquer la tendinite de l’index pour lire le blog de bas en haut).

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Pour résumer, disons que le blog s’écrit de bas en haut mais se lit de haut en bas.

Ce qui permet certains effets impossibles à mettre en œuvre dans un livre.

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Comment faire passer un chameau par le chas d’une aiguille ? C’est fort simple. Vous devez vous munir d’une aiguille, d’une chamelle et d’un stylo.

Commencez par écrire le mot chat avec le stylo. Attention, ne pas confondre le mot chat avec le mot chas, sinon cela ne fonctionnera pas. Pour éviter de se tromper, le mieux est d’appeler un chat un chat et un chas un chas. Donc, écrivez le mot chat. Puis lisez-le à voix haute. Une fois le mot chat lu, personne ne niera que vous avez le mot chalut. Profitez de la confusion pour introduire dans le chalut la chamelle. Attiré par la chamelle, un chameau va se ruer dans le chalut. Le plus dur est fait.

Ensuite, saisissez-vous de l’aiguille et plantez-la dans le sol, de sorte que ne dépasse que le chas. Vous aurez pris soin de choisir une aiguille suffisamment robuste et dotée d’un chas ellipsoïdal d’environ deux mètres de haut sur un mètre de large.

Séparez le chameau de la chamelle puis faites-le passer par le chas de l’aiguille. C’est tout.