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Lorsque la sirène d’évacuation retentit dans l’immeuble, Monsieur Albert se trouvait en position assise dans les toilettes mises à la disposition des employés de la compagnie pour laquelle il travaillait depuis bientôt dix ans avec tout le sérieux qu’on lui connaissait. Doté d’excellents réflexes, Monsieur Albert parvint à quitter l’édifice en même temps que ses collègues. Sur le trottoir où les employés attendaient les instructions en se demandant s’il s’agissait d’une authentique alerte à la bombe ou d’un énième exercice, Monsieur Albert ne laissa pas paraître son trouble. Pourtant, une question le taraudait.

Quand l’alarme avait sonné, les impulsions nerveuses émises par l’ère motrice de son cortex cérébral avaient communiqué en une fraction de seconde les ordres adéquats à l’ensemble des muscles concernés et ceux-ci avaient réagi à merveille, faisant preuve d’une célérité et d’une coordination impressionnantes. C’était la beauté du réflexe conditionné. Certes. Mais la question demeurait entière : avait-il remonté son pantalon pour courir plus vite ou bien plutôt par pudeur ?