Leonardo (2 ans) est bien câlinou ce matin.
Moi : Tu veux un bisou ?
Lui : Non. Un bonbon.
Leonardo (2 ans) est bien câlinou ce matin.
Moi : Tu veux un bisou ?
Lui : Non. Un bonbon.
Leonardo, deux ans, ne dit pas « couche » mais « cacouche ».
Il n’a pas tort.
Il faut compter trente à quarante minutes de yoga intensif pour atteindre le niveau de sérénité que procurent dix minutes de whisky.
On ne m’avait pas menti, il y avait bien une lueur au bout de cet effroyable tunnel.
Seulement, elle était dans mon dos. Et il fallait avancer.
Marignan !
(Ah non … Pardon.)
La foule était immense, des milliers d’hommes et de femmes rassemblés pour protester contre l’exploitation qu’ils subissaient, les salaires de misère, les cadences infernales, les heures supplémentaires non payées, l’humiliation quotidienne. Unis dans leur combat pour la dignité, car c’était au nom de la dignité qu’ils défilaient, fouettés par la pluie froide de décembre, ils auraient suffi à démontrer la grandeur de l’être humain, ces visages fermés où se lisaient la fatigue et la détermination. Ils auraient presque ému.
Heureusement, on comptait parmi eux soixante-quinze violeurs, neuf pédophiles, trois infanticides, deux tortionnaires ainsi qu’un assassin et sa complice.
L’ascenseur était en panne. Il dut monter à pied les trois étages qui menaient au gymnase.
Son chien est mort de faim. Puis ses enfants. Puis sa femme. À la fin, il n’alimentait plus que son compte Facebook.
« J’ai changé. »
On prononce généralement ces quelques mots sur un ton grave, conscient que quelque chose, là, est sérieux ; ou devrait l’être.
On est pourtant loin d’éprouver le vertige existentiel que recèle cette affirmation. Car, enfin, si je a changé, si je n’est pas le même… Qui parle ? L’autre ? De quel droit ? Et que fait-il ici ? Et qui était-il, déjà ?
Peut-être que, plus simplement, on n’a pas changé.
Il y a l’humanité, c’est vrai.
N’empêche qu’il y a aussi, et avant, et surtout, l’espèce humaine.