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Un blog n’est pas un livre. On lit rarement un livre en commençant par la fin. Alors qu’avec le blog, on ne fait que ça.

Lire un récit, un essai, une biographie… c’est suivre les pas d’un auteur qui est parti depuis longtemps. Lire un blog c’est rejoindre le blogueur qui vient à peine de poster son dernier billet. Il arrive même qu’on l’attende ; c’est alors lui qui rejoint le lecteur.

Écrire un livre c’est avancer. Que ce soit vers le futur ou vers le passé, que l’on se lance à la conquête d’un territoire inexploré ou dans une introspection sans concession, on avance. Le blogueur, lui, empile post sur post et n’avance pas, ne tourne pas la page. Et pour brillant que soit le dernier post, il importune s’il n’est pas remplacé rapidement par un autre.

Quant au lecteur qui découvre le blog tardivement, pour peu qu’il soit patient et ne soit pas sujet au vertige, le voilà contraint de lire l’ouvrage de la fin vers le début (rare est l’intégriste intégral prêt à risquer la tendinite de l’index pour lire le blog de bas en haut).

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Comment faire passer un chameau par le chas d’une aiguille ? C’est fort simple. Vous devez vous munir d’une aiguille, d’une chamelle et d’un stylo.

Commencez par écrire le mot chat avec le stylo. Attention, ne pas confondre le mot chat avec le mot chas, sinon cela ne fonctionnera pas. Pour éviter de se tromper, le mieux est d’appeler un chat un chat et un chas un chas. Donc, écrivez le mot chat. Puis lisez-le à voix haute. Une fois le mot chat lu, personne ne niera que vous avez le mot chalut. Profitez de la confusion pour introduire dans le chalut la chamelle. Attiré par la chamelle, un chameau va se ruer dans le chalut. Le plus dur est fait.

Ensuite, saisissez-vous de l’aiguille et plantez-la dans le sol, de sorte que ne dépasse que le chas. Vous aurez pris soin de choisir une aiguille suffisamment robuste et dotée d’un chas ellipsoïdal d’environ deux mètres de haut sur un mètre de large.

Séparez le chameau de la chamelle puis faites-le passer par le chas de l’aiguille. C’est tout.

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« Les enfants sont merveilleux… » Une larme de gratitude glissa sur la joue fripée de Tante Rose. Comment n’aurait-elle pas été émue en effet par cette marque d’amour de la part de son petit-neveu, touchant petit bout de chou de deux ans et demi, soudainement si câlinou qu’il s’était jeté à son cou sans raison apparente et s’était blotti contre son épaule quelques instants, avant  de repartir vers ses jeux, souriant, comme ragaillardi par cette effusion de tendresse.

Ce n’est que plus tard qu’elle découvrit le véritable motif de cet élan prétendument spontané. En l’espèce, une longue trace de morve sur son gilet à fleurs.