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Monsieur Albert s’est distingué très tôt par sa farouche opposition aux extrémismes. Ce fut le combat d’une vie.

La plus rude épreuve qu’il dût surmonter sur cette route semée d’embûches fut, dès l’âge de vingt ans (c’est-à-dire à l’époque où ses camarades lançaient des pavés à la tête des CRS), de résister à la tentation de sombrer dans l’un ou l’autre des termes de la fameuse injonction : « plutôt mourir debout que vivre à genoux ». Il ne se laissa pas impressionner et décida résolument de vivre assis. Sa détermination lui permit de se faire embaucher comme aide-comptable dans la succursale d’une multinationale spécialisée dans l’import-export de chaises de bureau. Pendant près de cinquante ans, il continua la lutte, fidèle au poste, déterminé à ne rien lâcher. La noblesse de son combat forçait le respect.

Aujourd’hui, c’est un homme épanoui – mais toujours sur le qui-vive – qui nous confie : « Pas question de me reposer sur mes lauriers. Mon prochain défi, c’est d’être muté au siège. »