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Elle avait un corps si parfait qu’on espérait qu’elle fût un peu chienne, un peu cochonne, coquine à tout le moins. Hélas, il y avait longtemps qu’elle s’était mariée avec son miroir, son plus fidèle et attentif compagnon dans sa quête de perfection. Lui seul était admis à la connaître dans l’intimité, lui seul avait vu nues toutes et chacune de ses courbes fabuleuses.

Au début, il n’en profitait guère, trop froid pour s’émouvoir. Mais peu à peu, jour après jour et sans précipiter les choses, elle sut gagner sa confiance et finit par s’approcher de lui si près qu’il s’embuait de la tête aux pieds.

Leur étreinte fut fatale. On la retrouva morte, les veines coupées. Lui était brisé.